dimanche 11 mai 2025

EUVILLE ET MONTSEC : ASSOCIER SCIENCE ET HISTOIRE

 

Lundi 28 avril 2025, les élèves de Seconde 11, "classe engagée", se sont rendus dans la Meuse. Ils ont visité la Carrière d’Euville en deux temps, puis ils se sont rendus au monument commémoratif du Montsec, sous la direction de madame Derex, professeure de SVT et de monsieur Janczukiewicz, professeur d’histoire, accompagnés de madame Kane, technicienne de laboratoire.




Dans un premier temps, leur attention a été portée sur la biodiversité actuelle de différents sites de la carrière correspondant aux zones autrefois habitées ou exploitées et à présent à l’abandon. La variété et la richesse de la végétation témoignent aujourd’hui de la résilience des forêts.




L’excursion s’est poursuivie par la découverte de la carrière de l’Enjarot où les roches observées ont permis de reconstituer le paléoenvironnement local. En effet, il y a 157 millions d’années, notre partie du globe était recouverte par une mer tropicale corallienne peu profonde, essentiellement peuplée de crinoïdes et notamment d’encrines ou lis de mer. La tige des encrines se compose de segments calcaires superposés à 5 branches, appelés entroques mais plus connus par les Lorrains sous le vocable d’«étoiles de Sion». Accumulés au cours du jurassique moyen, les sédiments constitués des dépouilles d’animaux marins ont formé des dunes au gré des mouvements de la mer et des variations de son niveau. Sous l’action combinée de phénomènes biologiques, chimiques et physiques (la diagénèse), ces dépôts meubles se sont compactés pour former une roche sédimentaire. Cette transformation a donné naissance à la pierre d’Euville, parfois dénommée calcaire à entroque.

Dans un second temps, guidés par Mr Le maire, Alain Ferioli, les élèves revivent l'histoire du site au travers de l'exposition et de la carrière environnante.






Les élèves ont pu voir des échantillons des principaux fossiles (coquillages, crinoïdes) ainsi que des panneaux montrant les fonds marins couverts d’encrines, plus un ichtyosaure grandeur nature, le tout illustrant les formes de vie lors du Jurassique. Cette découverte s’est poursuivie à l’étage avec une très belle collection de fossiles végétaux (fougères) et animaux (oursins, crinoïdes, bélemnites, nautiles), et des figurines de dinosaures.

 







La seconde partie de la journée, bien ensoleillée, fut consacrée à la visite du mémorial américain de la Butte de Montsec, toujours dans la Meuse. Ce vaste monument, construit grâce aux pierres d’Euville, domine le sommet de la butte, à 377 mètres d’altitude. Un panorama magnifique s’offre aux visiteurs, avec une vue sur le lac de Madine, la vallée de la Meuse et même sur Nancy, pourtant située à 40 km de là, et visible à l’horizon. 






Construite en 1932 par l’architecte américain Egerton Swartwout, cette grande rotonde, ou tholos, s’inspire de l’architecture gréco-romaine, en y mêlant des décorations liées à la Première Guerre Mondiale. En effet, le mémorial commémore la bataille du Saillant de Saint – Mihiel (12 – 16 septembre 1918) lorsque les troupes américaines, appuyées par des unités françaises, reprirent une large zone en forme de triangle tenue depuis 1914 par les troupes allemandes et austro – hongroises. A l’époque, le site de Montsec était un observatoire allemand, avec des tunnels et des tranchées creusés dans les flancs de la butte.



Les Américains durent y déloger une seconde fois les Allemands, qui y avaient installé des mitrailleuses, le 2 septembre 1944, en bombardant le sommet. Abimé par les éclats d’obus, le mémorial fut restauré en 1948, et il est toujours entretenu de façon impeccable par l’American Battle Monuments Commission. 


La Butte de Montsec et ses environs.

Carte allemande du 23 mars 1917 (collection particulière)



Un escalier mène à la tholos au milieu de laquelle se trouve une table grandiose, ornée de casques, de gourdes et de cartouchières. Au centre est insérée une immense carte en bronze de la bataille, en relief, avec le déplacement des lignes du front. Les seize colonnes sont surmontées d’aigles américains tenant dans leurs serres les insignes des différentes unités de l’US Army (aviation, Marines, tankistes etc), tandis que des inscriptions mentionnent les numéros des différentes divisions américaines et françaises ayant combattu dans le secteur. 




Une citation du général Pershing est gravée avec de larges lettres capitales qui font le tour de la tholos :

« Their devotion, their valor and their sacrifices will live forever in the hearts of their grateful countrymen ».








Les élèves furent impressionnés par la taille du monument. Sur place, ils purent étudier les différents symboles sculptés ou gravées, et suivre le déroulement de la bataille en observant la carte en relief où figure aussi le monument, tout en se promenant entre les colonnes et aux alentours de la rotonde. 




Suite logique de la visite des carrières d’Euville, les pierres du mémorial sont incrustées de divers fossiles (coquillages, crinoïdes, bélemnites) qui ressortent de la surface en raison de leur aspect poli.






Ce fut ensuite le retour à Tomblaine, en passant par le village de Seicheprey, reconstruit après 1918 grâce à l’aide des Etats – Unis.

Diane DEREX (SVT), Jérôme JANCZUKIEWICZ (histoire – géographie) et Mélanie KANE (technicienne de laboratoire).



dimanche 24 mars 2024

LA FRONTIERE FRANCO - ALLEMANDE DE 1871 - 1918 EN LORRAINE.

 La frontière franco - allemande de 1871 - 1918 en Lorraine.

Sortie scolaire du mardi 12 mars 2024.

Le panorama de la bataille de Rezonville au musée de Gravelotte. 


La guerre franco-allemande de 1870 - 1871 eut de lourdes conséquences sur la Lorraine, tant pour son territoire que pour la population. Dans le cadre d'un projet pédagogique transdisciplinaire français / histoire / HGGSP, une sortie scolaire a permis à 60 élèves de première générale de visiter deux sites mosellans. Ils avaient auparavant étudié des textes des écrivains français ayant pris part à ce conflit, notamment Guy de Maupassant, soldat de 2e classe, et Gustave Flaubert, officier dans la Garde Nationale, sans oublier Arthur Rimbaud, trop jeune pour que son engagement dans l'armée française fut accepté. En HGGSP, la guerre de 1870 et la formation du Reichsland Elsass - Lothringen, improprement appelé Alsace - Lorraine, avaient aussi été vues avec des documents originaux (cartes, objets, photographies, actes notariés). 


Le Musée de la guerre de 1870 et de l'Annexion de Gravelotte. 

Ce musée, situé près de Metz, sur le lieu de la grande bataille du 18 août 1870, permet d'appréhender toutes les facettes de ce conflit qui opposa le Second Empire aux Etats allemands ralliés à la Prusse; Etats qui formèrent le IIe Reich à partir du 18 janvier 1871. Les tensions grandissantes entre la France et la Prusse, liées au conflit entre la Prusse et l'Autriche de 1866, puis à la question du trône d'Espagne en 1868, et enfin la guerre de 1870 furent brillamment retracées par une conférencière, madame Natacha Swol et un de ses collègues, avec l'appui de la magnifique collection d'armes, d'uniformes et d'objets. La présentation du Panorama de la bataille de Rezonville, par Alphonse de Neuville et Edouard Detaille (1882 - 1883), qui était un immense tableau de 120 m de long et de 15 m de haut, malheureusement découpé par la suite en 115 morceaux dont 20 sont au musée, permet une immersion dans la bataille. 

Ensuite, la question de l'Annexion de l'Alsace (sauf le Territoire de Belfort) et de la Moselle (sauf l'ouest) et des conséquences sur les habitants furent étudiées : la nouvelle frontière et son organisation, la question de l'Option et du choix entre rester français et quitter le territoire ou bien rester et devenir allemand, l'empreinte germanique en Alsace - Moselle avec les garnisons et les activités économiques.


Uniforme de Cent - Gardes de Napoléon III

Uniforme de trompette de la Garde Impériale.

Uniforme de zouave de la Garde Impériale. 

Blouse de la Garde Nationale Sédentaire. 


Uniforme de cuirassier prussien. 


Uniforme prussien (infanterie). 


Uniforme de général prussien. 


Canon à balles français.



Canon français en bronze. 

Avec le traité de Francfort du 10 mai 1871, la France, en plus d'une indemnité de 5 milliards de francs - or, dut céder une grande partie de l'Alsace (sauf Belfort) et la Moselle (composée aussi d'une partie de la Meurthe au nord-est) qui formèrent le Reichsland Elsass - Lothringen, une terre d'Empire sous la direction directe de l'empereur allemand. Une nouvelle frontière fut donc tracée et délimitée par des bornes et des poteaux, sous la garde de douaniers et de gendarmes. 


Un panneau frontière allemand. 


Casque de la gendarmerie d'Alsace - Lorraine. 

Casque de la douane d'Alsace - Lorraine. 


Casque de la police d'Alsace - Lorraine.


A l'extérieur du musée, les élèves ont pu voir la chapelle construite par ordre de l'empereur Guillaume II en 1905 et le cimetière allemand de 1870 - 1871, qui comprend aussi des tombes françaises, et le système d'inhumation de l'époque : les simples soldats sont placés dans des tombes collectives sans noms, les sous - officiers ont droit à une tombe individuelle avec une croix ou une stèle, les officiers à une tombe individuelle avec une stèle plus imposante. 

Tombe d'un officier allemand. 






La chapelle de Guillaume II et l'ossuaire à l'intérieur. 


Une tombe française.


Le Fort Wagner à Verny.

Dans l'après-midi, les élèves ont visité le fort Wagner à Verny, une vaste forteresse allemande construite de 1904 à 1910, située dans la seconde enceinte de Metz, et qui porte le nom de Julius Wagner, inspecteur général des fortifications, ancien combattant de Gravelotte. En effet, si les Français fortifièrent la nouvelle frontière avec le système Séré de Rivières à partir de 1874, les Allemands en firent de même de leur côté sous l'impulsion du général von Biehler mais de façon différente : au lieu de construire les forteresses avec un tracé linéaire, les Allemands fortifièrent les grandes villes avec Metz et Thionville, ainsi que Strasbourg et les villes situées le long du Rhin. Ces fortifications se densifièrent dans les années 1890 avec les progrès de l'artillerie et le nouveau plan d'attaque contre la France. En effet, les forteresses allemandes devaient servir de pivot à la grande offensive allemande qui devait traverser le Luxembourg et la Belgique dans le cadre du Plan Schlieffen et empêcher les Français d'atteindre les zones de mobilisation dans le sud de l'Allemagne. 




Le Fort Wagner a une structure éclatée composée de six blocs, protégés par des grilles et des fossés, plus un réseau de piquets et de barbelés, et comportant une imposante artillerie abritée dans des tourelles mobiles blindées, en plus de l'artillerie de coffre, avec la possibilité d'amener par voie ferrée d'autres canons depuis Metz. Les 1250 hommes disposaient de conditions jugées confortables à l'époque : eau courante, électricité, toilettes etc. L'association qui s'occupe du site a présenté de façon très intéressante cette forteresse, en montrant l'extérieur et ses défenses, notamment les abris en escargot, et l'intérieur avec les dortoirs, la cuisine, les salles pour les obus, et la manoeuvre des tourelles et le tir à blanc au canon de 53 mm ont été des moments impressionnants. 



Une des tourelles équipées d'un mortier de 150 mm. 

Les tourelles avec canon de 100 mm. 





Un pivot de tourelle, en parfait état de marche. 




Le monte - charge pour les obus. 

Un des dortoirs. 

Le canon de 53 mm utilisé pour le tir à blanc.

Le fort devait prévenir toute attaque française sur Metz par la vallée de la Seille mais aussi soutenir les troupes allemandes sur la frontière, ce qui arriva fin août 1914 lorsque les pièces du fort bombardèrent Nomeny. 

Cette sortie permit donc une étude complète de ce conflit et de ses conséquences, dans un cadre d'histoire locale, tout en travaillant sur plusieurs matières.

Jérôme JANCZUKIEWICZ (histoire et HGGSP) et Nathalie LEFOLL (français).