dimanche 24 mars 2024

LA FRONTIERE FRANCO - ALLEMANDE DE 1871 - 1918 EN LORRAINE.

 La frontière franco - allemande de 1871 - 1918 en Lorraine.

Sortie scolaire du mardi 12 mars 2024.

Le panorama de la bataille de Rezonville au musée de Gravelotte. 


La guerre franco-allemande de 1870 - 1871 eut de lourdes conséquences sur la Lorraine, tant pour son territoire que pour la population. Dans le cadre d'un projet pédagogique transdisciplinaire français / histoire / HGGSP, une sortie scolaire a permis à 60 élèves de première générale de visiter deux sites mosellans. Ils avaient auparavant étudié des textes des écrivains français ayant pris part à ce conflit, notamment Guy de Maupassant, soldat de 2e classe, et Gustave Flaubert, officier dans la Garde Nationale, sans oublier Arthur Rimbaud, trop jeune pour que son engagement dans l'armée française fut accepté. En HGGSP, la guerre de 1870 et la formation du Reichsland Elsass - Lothringen, improprement appelé Alsace - Lorraine, avaient aussi été vues avec des documents originaux (cartes, objets, photographies, actes notariés). 


Le Musée de la guerre de 1870 et de l'Annexion de Gravelotte. 

Ce musée, situé près de Metz, sur le lieu de la grande bataille du 18 août 1870, permet d'appréhender toutes les facettes de ce conflit qui opposa le Second Empire aux Etats allemands ralliés à la Prusse; Etats qui formèrent le IIe Reich à partir du 18 janvier 1871. Les tensions grandissantes entre la France et la Prusse, liées au conflit entre la Prusse et l'Autriche de 1866, puis à la question du trône d'Espagne en 1868, et enfin la guerre de 1870 furent brillamment retracées par une conférencière, madame Natacha Swol et un de ses collègues, avec l'appui de la magnifique collection d'armes, d'uniformes et d'objets. La présentation du Panorama de la bataille de Rezonville, par Alphonse de Neuville et Edouard Detaille (1882 - 1883), qui était un immense tableau de 120 m de long et de 15 m de haut, malheureusement découpé par la suite en 115 morceaux dont 20 sont au musée, permet une immersion dans la bataille. 

Ensuite, la question de l'Annexion de l'Alsace (sauf le Territoire de Belfort) et de la Moselle (sauf l'ouest) et des conséquences sur les habitants furent étudiées : la nouvelle frontière et son organisation, la question de l'Option et du choix entre rester français et quitter le territoire ou bien rester et devenir allemand, l'empreinte germanique en Alsace - Moselle avec les garnisons et les activités économiques.


Uniforme de Cent - Gardes de Napoléon III

Uniforme de trompette de la Garde Impériale.

Uniforme de zouave de la Garde Impériale. 

Blouse de la Garde Nationale Sédentaire. 


Uniforme de cuirassier prussien. 


Uniforme prussien (infanterie). 


Uniforme de général prussien. 


Canon à balles français.



Canon français en bronze. 

Avec le traité de Francfort du 10 mai 1871, la France, en plus d'une indemnité de 5 milliards de francs - or, dut céder une grande partie de l'Alsace (sauf Belfort) et la Moselle (composée aussi d'une partie de la Meurthe au nord-est) qui formèrent le Reichsland Elsass - Lothringen, une terre d'Empire sous la direction directe de l'empereur allemand. Une nouvelle frontière fut donc tracée et délimitée par des bornes et des poteaux, sous la garde de douaniers et de gendarmes. 


Un panneau frontière allemand. 


Casque de la gendarmerie d'Alsace - Lorraine. 

Casque de la douane d'Alsace - Lorraine. 


Casque de la police d'Alsace - Lorraine.


A l'extérieur du musée, les élèves ont pu voir la chapelle construite par ordre de l'empereur Guillaume II en 1905 et le cimetière allemand de 1870 - 1871, qui comprend aussi des tombes françaises, et le système d'inhumation de l'époque : les simples soldats sont placés dans des tombes collectives sans noms, les sous - officiers ont droit à une tombe individuelle avec une croix ou une stèle, les officiers à une tombe individuelle avec une stèle plus imposante. 

Tombe d'un officier allemand. 






La chapelle de Guillaume II et l'ossuaire à l'intérieur. 


Une tombe française.


Le Fort Wagner à Verny.

Dans l'après-midi, les élèves ont visité le fort Wagner à Verny, une vaste forteresse allemande construite de 1904 à 1910, située dans la seconde enceinte de Metz, et qui porte le nom de Julius Wagner, inspecteur général des fortifications, ancien combattant de Gravelotte. En effet, si les Français fortifièrent la nouvelle frontière avec le système Séré de Rivières à partir de 1874, les Allemands en firent de même de leur côté sous l'impulsion du général von Biehler mais de façon différente : au lieu de construire les forteresses avec un tracé linéaire, les Allemands fortifièrent les grandes villes avec Metz et Thionville, ainsi que Strasbourg et les villes situées le long du Rhin. Ces fortifications se densifièrent dans les années 1890 avec les progrès de l'artillerie et le nouveau plan d'attaque contre la France. En effet, les forteresses allemandes devaient servir de pivot à la grande offensive allemande qui devait traverser le Luxembourg et la Belgique dans le cadre du Plan Schlieffen et empêcher les Français d'atteindre les zones de mobilisation dans le sud de l'Allemagne. 




Le Fort Wagner a une structure éclatée composée de six blocs, protégés par des grilles et des fossés, plus un réseau de piquets et de barbelés, et comportant une imposante artillerie abritée dans des tourelles mobiles blindées, en plus de l'artillerie de coffre, avec la possibilité d'amener par voie ferrée d'autres canons depuis Metz. Les 1250 hommes disposaient de conditions jugées confortables à l'époque : eau courante, électricité, toilettes etc. L'association qui s'occupe du site a présenté de façon très intéressante cette forteresse, en montrant l'extérieur et ses défenses, notamment les abris en escargot, et l'intérieur avec les dortoirs, la cuisine, les salles pour les obus, et la manoeuvre des tourelles et le tir à blanc au canon de 53 mm ont été des moments impressionnants. 



Une des tourelles équipées d'un mortier de 150 mm. 

Les tourelles avec canon de 100 mm. 





Un pivot de tourelle, en parfait état de marche. 




Le monte - charge pour les obus. 

Un des dortoirs. 

Le canon de 53 mm utilisé pour le tir à blanc.

Le fort devait prévenir toute attaque française sur Metz par la vallée de la Seille mais aussi soutenir les troupes allemandes sur la frontière, ce qui arriva fin août 1914 lorsque les pièces du fort bombardèrent Nomeny. 

Cette sortie permit donc une étude complète de ce conflit et de ses conséquences, dans un cadre d'histoire locale, tout en travaillant sur plusieurs matières.

Jérôme JANCZUKIEWICZ (histoire et HGGSP) et Nathalie LEFOLL (français). 

jeudi 7 mars 2024

REIMS : HISTOIRE ET PATRIMOINE
Sortie scolaire du lundi 5 février 2024.

Dans le cadre de la Section Européenne, du programme d'histoire et de HGGSP de Terminale, la visite de la ville de Reims, dans la Marne, présente un intérêt particulier. Deux sites rémois ont été sélectionnés.

Le musée de la Reddition du 7 mai 1945.

Ce musée est aujourd'hui installé dans une partie du lycée Franklin Roosevelt, qui était en 1945 le Collège Moderne et Technique, une école professionnelle, qui servit de Quartier Général au général Dwight Eisenhower, Commandant Suprême des Armées alliées en Europe dans les derniers mois de la Seconde Guerre Mondiale.



Eisenhower avait réquisitionné un hôtel de luxe (le Trianon Palace) à Versailles pour y diriger les opérations militaires. Avec la contre-offensive allemande dans les Ardennes le 16 décembre 1944, il souhaita se rapprocher du front et choisit Reims où il s'installa le 20 février 1945 à l'Hôtel Mignot, qui lui servit de résidence et au Collège Technique et Moderne, pour son Etat-major, qui fut partagé en deux : la partie sur rue fut réservée aux Américains qui s'y installèrent avec beaucoup de discrétion et la partie sur cour fut laissée aux élèves et aux professeurs. Cette discrétion, avec un service d'ordre assez restreint et un mode de vie très simple du général Eisenhower, fit que jamais les Allemands ne se doutèrent de l'installation du QG à Reims.

C'est dans la salle des cartes que le général Jodl, arrivé dans la soirée du 6 mai avec un avion américain, signa la capitulation du IIIe Reich au nom de l'amiral Dönitz, le 7 mai 1945 à 2 h 41, la fin des combats étant programmée le 8 mai à 23 h 01. Le général américain Walter Bedell - Smith signa pour les armées alliées, le général Ivan Sousloparov pour l'URSS, le général français François Sevez signant l'acte en tant que témoin ("witness") puisque la capitulation eut lieu sur le sol national. Eisenhower, qui avait un grade plus élevé que Jodl, ne signa pas, mais reçut les Allemands après la signature. 



Pour éviter de donner l'impression que les Allemands n'avaient signé qu'avec les Alliés occidentaux, Staline demanda une nouvelle signature de l'acte de reddition, à Berlin, le 8 mai 1945, ce qui fut fait, selon l'heure soviétique en vigueur, le 9 mai 1945 après minuit. C'est pour cela que les Occidentaux célèbrent la victoire le 8 mai et les Russes le 9 mai. 

Eisenhower resta à Reims jusqu'au 25 mai 1945. 

Le musée, qui a un grand intérêt, présente deux parties: un musée militaire avec la campagne de 1940, l'Occupation de Reims et la Résistance, puis la Libération et l'installation des Américains dans la ville à partir du 30 août 1944, avec une belle collection d'uniformes et d'objets.






La salle des cartes ou War Room comporte une longue table avec des chaises où les plénipotentiaires se réunirent le 7 mai 1945 ainsi que des cartes des différents fronts, plus des statistiques sur les approvisionnements, les pertes etc. 








Après cette plongée dans la Seconde Guerre Mondiale, les élèves sont allés manger au McDo de Reims centre avant de visiter la cathédrale de Reims.

La cathédrale de Reims.

La cathédrale de Reims, construite de 1211 à 1345, est un magnifique exemple de l'art gothique et elle en impose par ses dimensions : 81 m de haut, près de 150 m de long, une hauteur de la nef à 38 m !



Elle fut classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1991 et son étude permet de traiter une partie du thème 4 en HGGSP.  En effet, la cathédrale subit un grave incendie en septembre 1914 suite à un bombardement allemand puis elle fut endommagée par d'autres tirs jusqu'à la fin d'octobre 1918. La ville de Reims fut détruite à 80 % lors de la Grande Guerre.




La restauration de la cathédrale se fit grâce au mécénat de la famille Rockefeller qui permit la reconstruction de la toiture et de la nef dans les années 1920, puis d'autres mécènes s'attachèrent à restaurer d'autres éléments (statues, lustres, orgues etc) : les collectivités locales comme la ville de Reims, le département de la Marne, des personnes privées comme la princesse de Chimay, les vignerons de Reims et les maisons de Champagne, le clergé du diocèse, les biscuits Fossier etc. Deux plaques permettent d'étudier ce mécénat. 








Enfin, l'étude des vitraux a permis aux élèves de voir ceux crées par Marc Chagall. 

La visite, très riche, a été utile dans la cadre de la section européenne, avec l'étude du Musée de la Reddition et des cours de HGGSP avec le thème du patrimoine. De même, madame Florence Pierrot, dans le cadre des cours d'optique, a pu faire étudier à ses élèves des instruments comme le sextant, le compas, les jumelles et le viseur Norden des bombardiers américains. 




Jérôme Janczukiewicz, professeur d'histoire - géographie en section européenne et HGGSP.

Avec Florence Pierrot, professeure de physique chimie en section européenne, Martine Raux et Jacqueline Sondag, professeures d'anglais.